Le Docteur André Gernez est décédé dans sa 91éme année,
le mercredi 8 janvier, vers 17 heures 30, au Centre Hospitalier
de Roubaix, où il avait été chef de Service de radiologie,
d’une insuffisance respiratoire terminale, entouré de sa famille.
Ce scientifique de génie, qui se considérait cependant comme
un chercheur amateur, a été un vrai trouveur.
Bachelier à quinze ans, il s’inscrit en Faculté de Médecine
avec dérogation spéciale. Dès ses premières années d’étude
médicale, il pointe des contradictions majeures dans les postulats
fondamentaux de la biologie. Il ne cessera jamais durant toute
sa carrière, qui va durer jusqu’à ses derniers jours, de chercher
ces contradictions et donc la voie de leur résolution. Son dernier
texte, écrit de sa main, est daté du 13 décembre 2013,
Il fut ainsi amené à récuser le dogme admis par tous du double
cycle cellulaire, selon lequel nos cellules seraient alternativement
génératrices et fonctionnelles. Il proposa en 1966, par un mémoire
aux Académies des Sciences et de Médecine, ses célèbres
« Néopostulats biologiques et pathogéniques ». Il fondait par là
le concept de cellule génératrice (ou souche). Le paradoxe dans
cette affaire est que les observations de ce qu’il postulait à partir
de la critique de la conception classique avait déjà été faite sans
doute dès le début du XXème siècle, mais aucune conclusion
n’en avait été tirée. Ce concept de cellule souche, aujourd’hui
universellement repris par les chercheurs, qui en font la notion
majeure de la biologie, permit à André Gernez de construire une
théorie cohérente de la cinétique cellulaire.
L’accueil réservé, à son premier travail, par la communauté
scientifique internationale fut unanime. André Gernez a poursuivi
ses recherches à partir de ses travaux initiaux, sur le mécanisme
du cancer, qu’il mit à jour, puis sur les maladies dégénératives, neurologiques en particulier. Il proposa des stratégies de prévention de ces maladies par différents mémoires, tous adressés aux Académies, mais aussi aux sociétés scientifiques, aux chercheurs, aux autorités politiques.
Alors que des travaux de recherche paraissaient partout dans le monde validant ses propres travaux, un silence, qu’il qualifiera de concerté, était instauré, sur ses propositions.
De nombreuses tentatives pour le briser ont été menées de toute part.
La création de l’Association pour André Gernez en 2010 permet aujourd’hui de rassembler et de coordonner les initiatives qui viennent de partout.
Nous pensons qu’honorer cet immense chercheur, qui a introduit en biologie et en médecine des concepts majeurs parfaitement opérationnels, c’est œuvrer pour que d’une part, ses propositions soient connues de l’ensemble de la communauté scientifique d’aujourd’hui et pour que d’autre part des chercheurs, des médecins s’emparent de sa méthode de travail, de ses concepts, de ses propositions, pour qu’enfin une politique publique de prévention des maladies dégénératives puisse voir le jour. C’est de l’intérêt de tous, car nous sommes tous concernés.
Docteur Jacques Lacaze
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