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jeudi 8 décembre 2011

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Leçon d'humanité : le singe préfère le partage à l'égoïsme


Damien Jayat
Médiateur scientifique
Publié le 20/09/2008 à 02h56

Les singes capucins de Franz de Waal.

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(PDF file)

« L'aide et le partage chez les humains sont souvent motivés par l'empathie et accompagné d'un sentiment de satisfaction. » Grand spécialiste des primates, Franz de Waal introduit pourtant sa dernière parution par une référence à notre espèce. Car la découverte nous concerne : des singes qui préfèrent partager qu'agir en égoïstes, voilà qui peut donner des idées !

Une expérience pour tester la générosité

Prenons deux singes capucins et plaçons-les dans une pièce coupée en deux par une cloison transparente. Chaque singe occupe un compartiment ; ils peuvent se voir, s'échanger des sourires ou des clins d'œil, ou même débattre du premier prime de la Star Ac » saison 8. En revanche, ils ne peuvent pas se toucher ni échanger des objets.

Présentons maintenant deux jetons à un des capucins -plutôt des capucines, car l'expérience fut menée avec des femelles. Le premier jeton lui apportera un morceau de pomme et laissera sa copine le ventre gargouillant. Le deuxième permettra aux deux singes de recevoir un morceau de pomme. Vous voyez la combine ? On laisse ainsi le choix à l'animal de se récompenser tout seul ou bien d'offrir aussi un bout de fruit à sa voisine de chambre.



Avec ce simple dispositif, Franz de Waal et ses collègues ont testé plusieurs situations pour essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête d'un capucin à qui on propose d'être bon camarade ou pur égoïste. Et à votre avis, que préfèrent-ils ? (Voir la vidéo ci-contre)

On partage, mais pas avec n'importe qui

La réponse a une franche odeur de cidre normand : p'têt » ben qu'oui, p't »êt » ben qu'non ! En des termes plus sérieux, les professionnels disent que « ça dépend ». Si la voisine est une étrangère, c'est-à-dire membre d'un autre groupe -les capucins, comme tous les singes, vivent en groupe- la tendance est à 50% de choix égoïstes et 50% de partage. C'est déjà bien. Je connais certains humains qui ne feraient pas mieux.

Si la voisine est un membre du même groupe, la générosité atteint les 60%. Et si elle est un parent proche, le singe lui offre un bout de fruit dans plus de 70% des cas ! Conclusion de l'enquête : les capucins savent être généreux, même quand ils n'ont aucun bénéfice immédiat à en retirer. Ce n'est même pas la peur des représailles qui les pousse : si le singe testé est une dominante, elle fera plein de cadeaux et elle aura même tendance à en faire plus qu'un singe soumis…

Les capucins dépenseraient donc sans compter et feraient preuve d'immenses largesses, surtout s'il s'agit de nourrir un proche ? Tout de même, il doit bien y avoir des cas où ça ne marche pas ! Et vous avez raison de vous insurger : ils peuvent aussi se montrer très égoïstes. D'abord, si vous obstruez la cloison transparente entre les deux singes, vous n'obtenez que 20% d'actes généreux. Le capucin doit donc voir qui il aide pour devenir sympa.

Ensuite, le sentiment d'injustice est un violent inhibiteur de générosité. Si en choisissant le jeton « partage » le singe se voit offrir un bout de pomme tandis que l'autre reçoit du raisin, ce n'est plus la même histoire. Les capucins préfèrent le raisin à la pomme, c'est scientifiquement prouvé. Celui qui a choisi le partage se sent donc lésé et injustement sous-récompensé : « j'ai choisi de partager mon goûter avec ma camarade, et elle a plus que moi ! C'est vraiment trop injuste ! » Le pauvre Caliméro se renferme alors dans un comportement égoïste, ne partageant plus que dans 50% des cas, et tant pis si la voisine est une parente proche.

Un vrai sentiment de satisfaction ?

Quoi qu'il en soit, l'expérience démontre que les capucins savent naturellement se montrer généreux, partageurs, altruistes. On sait aussi que certains singes sont doués du sentiment d'empathie, qui consiste à comprendre, ou ressentir -les recherches sont encore floues sur le sujet- les sentiments d'autrui. Ils peuvent venir au secours d'un ami en danger, consoler un faible trop agressé, lécher les blessures d'un copain, etc. Ils partagent aussi la nourriture, l'acte servant même de ciment social du groupe.

Mais ressentent-ils vraiment un sentiment de plaisir lorsque, comme ici, ils se montrent généreux sans attente d'un retour ou sans obligation sociale ? D'après Franz de Waal, il semble bien que oui. Il a observé que lors d'un comportement égoïste, celui qui prend la pomme pour lui seul tourne le dos à l'autre. Comme s'il voulait mieux montrer son mépris, sa honte ou la trouille d'être dépossédé de son trophée. Par contre, en situation de partage les deux capucins se font face et mangent ensemble en s'échangeant des signes d'amitié.

Mieux : après avoir choisi le jeton « partage », le sujet se tourne immédiatement vers sa voisine, comme si elle avait compris les conséquences de son choix et se préparait à la dégustation en groupe. Que l'interprétation des chercheurs soit exagérée ou non, leurs travaux indiquent que les capucins semblent comprendre les conséquences de leur acte et semblent apprécier le partage avec un congénère. C'est beau, quand même !

Vous voyez comme, avec une petite série d'expériences bien menée, on arrive à des résultats nombreux, variés et plus fascinants les uns que les autres. Il faut dire que le comportement de nos cousins primates ne cesse de nous surprendre, et creusent vers la compréhension de l'homme des voies de plus en plus larges. Mais attention, il ne faut pas tout interpréter sans réfléchir ! Restons prudents en transférant les données des singes à l'homme, car ce sont deux mondes très différents malgré leur ressemblance.

Tirons de cette étude deux pistes de réflexion (parmi d'autres, car on pourrait méditer dessus pendant des heures). D'abord, un singe est naturellement généreux, sauf s'il a le sentiment de se faire avoir. Vous pouvez ressortir l'argument à votre patron qui vous demande de bosser une heure de plus sans augmentation de salaire…

Ensuite, les singes donnent de préférence à ceux qu'ils connaissent bien. C'est là que notre statut d'humain doit agir : nous devons dépasser cet instinct de préférence et nous montrer généreux même envers les inconnus que nous croisons par dizaines tous les jours. Car nous ressemblons à des singes, oui, mais ce n'est pas une raison pour les singer bêtement.

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