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jeudi 24 juillet 2014

Automédication chez les grands singes

 
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Jules Renard
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 Les grands singes que nous sommes savons naturellement ce qui nous convient. 
 Mais les conditionnements veulent nous le faire oublier ! 


LES GRANDS SINGES SONT CAPABLES D'AUTOMÉDICATION !
Depuis ses premiers séjours en Afrique, Sabrina Krief, scientifique française investie dans la protection des grands singes, s'intéresse aux habitudes alimentaires des chimpanzés. En analysant ce qu'ils consomment lorsqu'ils sont malades, elle a découvert qu'ils savaient se soigner eux-mêmes en choisissant les plantes médicinales adéquates. « C'est leur comportement qui nous a amenés à analyser des plantes qui ne font pas partie de leur régime habituel. Nous y avons découvert des particules actives vermifuges, et même anticancéreuses. »
Les chimpanzés préparent même des recettes en mélangeant de la terre avec certaines plantes, ce qui active leurs molécules antipaludisme. Comme les chimpanzés et les humains sont proches et disposent des mêmes agents pathogènes, ces observations, et bien d'autres, ont d'ailleurs mené à des traitements contre cette maladie qui touche encore 216 millions d'humains, et qui tue surtout les bébés et les femmes enceintes.
SES PREMIÈRES OBSERVATIONS DE PHARMACOGNOSIE CHEZ LES GRANDS SINGES
La zoopharmacognosie correspond à l’étude des comportements d’automédication chez les animaux. En observant le comportement d’ingurgitation de feuilles rugueuses chez des chimpanzé Richard Wrangham [1], il y a plus d’une trentaine d’années suggéra le premier que les raisons de la sélection de ces plantes étaient probablement autres que nutritionnelles. Depuis, les études ont confirmé que ce comportement, par une action mécanique, induisait une accélération du transit et contribuait à l’expulsion de parasites intestinaux confirmant l’hypothèse d’une utilisation médicinale des feuilles ingérées.
La biologie et la chimie des plantes n’ont à ce jour exploré qu’une petite partie de la diversité végétale de la planète. D’autre part, la médecine occidentale est loin d’avoir exploité toutes les ressources offertes par la nature. Les hommes qui vivent dans ou près des forêts tropicales d’Afrique ou d’Asie en connaissent les richesses. Nous avons recherché le recouvrement qui peut exister entre les plantes utilisées dans un but thérapeutique par les populations locales et celles consommées occasionnellement et en faible quantité par les grands singes. Parmi plus de cent-cinquante parties de plantes consommées par les chimpanzés, plus de 20 % font partie de la pharmacopée africaine répertoriée [15]. Nos travaux contribuent à documenter des questions très générales (comme par exemple mieux comprendre l’origine de la médecine chez l’Homme) mais apportent également des données plus appliquées, en chimie et pharmacologie ou encore sur les maladies des grands singes et leur potentiel zoonotique. La connaissance des grands singes et leur préservation apparaissent essentielles : non seulement, il s’agit d’espèces emblématiques et charismatiques dites « parapluie » (leur préservation contribue à celle de nombreuses espèces animales et végétales partageant leur écosystème) mais aussi, elles participent à la dissémination des graines de grande taille et représentent donc des « espèces clés de voûte » de leur écosystème. Outre leur évidente contribution à la sauvegarde de la biodiversité, nos recherches soulignent la nécessité et l’urgence d’agir pour préserver les forêts tropicales et leurs ressources, pour la santé de la faune sauvage mais aussi pour celle de l’homme.
Sources
Département Hommes, Natures, Sociétés, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).
Article reçu le 4 novembre 2011, accepté le 28 novembre 2011
Bull. Acad. Natle Méd., 2011, 195, no 8, 1927-1944, séance du 29 novembre 2011
Photos: ROBERT SKINNER, LA PRESSE.
BIBLIOGRAPHIE et RÉFÉRENCES
[1] Wrangham R.W., Nishida T. — Aspilia : a puzzle in the feeding behaviour of chimpanzees. Primates, 1983, 24(2), 276-282.
[2] Wrangham R.W., Goodall J. — Chimpanzee use of medicinal leaves. In Understanding Chimpanzees (Heltne & Marquardt ed., Cambridge, Harvard), 1989.
[3] Dupain J.,Van Elsacker L.,NellC.,Garcia P., Ponce F.,HuffmanM.—Newevidence for leaf swallowing and Oesophagostomum infection in bonobos (Pan paniscus). IJP, 2002, 23 (5), 1053-1062.
[4] HuffmanM.,Gotoh S., Turner L.A.,HamaiM., YoshidaK.—Seasonal trends in intestinal nematode infection and medicinal plant use among chimpanzees in the Mahale Mountains, Tanzania. Primates, 1997, 111-125.
[5] Krief S., Jamart A., Mahé S., Leendertz F. H., Mätz-Rensing K., Crespeau F., Bain O., Guillot J.—Clinical and pathological manifestation of oesophagostomosis in African great apes. Does self-medication in wild apes influence disease progression? Journal of Medical Primatology, 2008, 37(4), 188-195.
[6] HuffmanM., SeifuM.—Observations on the illness and consumption of a possibly medicinal plant Vernonia amygdalina (Del.), by a wild chimpanzee in the Mahale Mountains National Park, Tanzania. Primates, 1989, 30(1), 51-63.
[7] OhigashiH.,Huffman,M. , IsutsuD. et al.—Toward the chemical ecology of medicinal plant use in chimpanzees: the case of Vernonia amygdalina, a plant used by wild chimpanzees possibly for parasite- related diseases. Journal of Chemical Ecology, 1994, 20(3), 541-553.
[8] Krief S., Thoison O., Sévenet T., Wrangham R.W., Lavaud C. — Novel triterpenoid saponins isolated from the leaves of Albizia grandibracteata ingested by Primates in Uganda. Journal of Natural Products, 2005, 68(6), 897-903.
[9] Krief S., Martin M.-T., Grellier P., Kasenene J., Sévenet T. — Novel antimalarial compounds isolated after the survey of self-medicative behavior of wild chimpanzees in Uganda. Antimicrobial Agents and Chemotherapy, 2004, 48(8), 3196-3199.
[10] Klein N., Fröhlich F., Krief S.—Geophagy: soil consumption enhances the bioactivities of plants eaten by chimpanzees (Pan troglodytes schweinfurthii). Naturwissenshaften, 2008, 95(4), 325-331.
[11] Tarnaud L., Yamagiwa J. — Age-dependent patterns of intensive observation on elders by free-ranging young Japanese macaques (Macaca fuscata yakui) within foraging context on Yakjushima.American Journal of Primatology, 2008, 70, 1-11.
[12] HuffmanM., Hirata S.—An experimental study of leaf swallowing in captive chimpanzees: insights into the origin of a self-medicative behavior and the role of social learning. Primates, 2004, 45(2), 113-118.
[13] Nishida T.—The bark-eating habits in Primates, with special reference to their status in the diet of wild chimpanzees — Folia Primatologica, 1976, 25, 277-287.
[14] Masi S., Gustafsson E., Saint Jalme M., Narat V., Todd A., Bomsel M.-C., Krief S. — Unusual feeding behaviour in wild great apes, a window to understand origins of selfmedication in humans: Role of sociality and physiology on learning process Physiology & Behavior, 2011, 150, 337-349.
[15] Krief S., Hladik C.M., Haxaire C.—Ethnomedicinal and bioactive properties of the plants ingested by wild chimpanzees in Uganda. Journal of Ethnopharmacology, 2005,101, 1-15.

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