Extrait de mon nouveau livre

                           PREAMBULE

Il fait un froid de canard. Il a neigé depuis Noël et la route est assez difficile. Je reviens de Strasbourg où j’ai visité la cathédrale. Elle est superbe sous les flocons. On aurait dit une carte de Noël scintillante de guirlandes blanches incrustées de petits cristaux, comme il y en avait dans mon enfance.

Je décide malgré tout de faire un crochet par Reims.

Cela fait longtemps que je veux vérifier par moi-même si je ressens l’énergie qui circule dans ce lieu.

J’ai garé ma voiture sur la droite dans l’avenue qui monte vers le sanctuaire. Je pénètre dans l’édifice bien emmitouflé.

Je décide de progresser dans l’allée centrale vers le maître-autel. Je marche lentement avec receuillement pour m’imprégner du lieu, mêlant mes pas à des générations de fidèles et de hauts personnages.

Je ressens une présence proche de moi. D’un regard discret j’explore mon voisinage et mon regard croise celui d’une femme. Elle détourne le regard car je pense qu’elle m’observait.

Je sais qu’il y a une ligne de force dans le transept sur la gauche et c’est là que je veux faire l’expérience de ma sensibilité aux ondes invisibles de la terre. Je me dirige donc aussitôt dans cette direction. Je commence à ressentir une légère vibration dans les jambes qui montent lentement. Pour vérifier que je ne rêve pas je me déconcentre et là de nouveau nos regards se croisent. Je m’aperçois qu’elle fait la même démarche que moi.

Je me permets de lui sourire et je luis dit : «  Vous aussi vous ressentez l’énergie du lieu ? » Elle hoche la tête en signe d’approbation.

Chacun continue sa visite de son coté.

Je suis maintenant sur le parvis à l’extérieur. Une pensée me trotte dans la tête. J’ai l’impression de connaître cette femme. Pourtant c’est peu probable car c’est la première fois que je viens à Reims. Je chasse cette idée quand soudain j’entends derrière moi : «  C’est incroyable cette sensation que l’on perçoit dans certains lieux ».

Avant de me retourner, bien que je n’aie pas encore entendu le son de sa voix, je sais que c’est la belle inconnue.

Après un bref échange, je lui propose de lui offrir une boisson chaude pour continuer cette conversation plus confortablement. Elle accepte sans façon.

Nous nous apercevons que nous partageons le même intérêt pour tout ce qui est mystérieux.

Je lui fais part de mon impression de l’avoir déjà vu bien que je ne sois pas de la région. Elle m’indique alors qu’elle se prénomme Hélène mais qu’elle n’est pas d’ici non plus. Elle vit près des calanques de Cassis à coté de Marseille et elle trouve le climat du Nord, car pour elle il ne peut en être autrement, bien difficile à supporter. Elle m’avoue qu’elle aussi m’observait car elle avait la même impression de déjà vu, elle et moi visitant ce lieu.

Nous devons constater que jamais nous ne nous sommes  rencontrés. Je règle les consommations et nous prenons congés car je dois rentrer en Bretagne et la route va être longue par ce temps.

Maintenant je file vers Paris par l’autoroute qui est assez difficile car de longues files de camions se suivent après avoir été parqué plusieurs jours, les routes étant impraticables. J’ai hâte d’arriver avant la nuit chez mes neveux qui m’offrent l’hospitalité.

Tout en conduisant je repense à cette étrange sensation de déjà vu. Pas dans cette existence c’est sûr. Alors dans une autre ? Peut-être.

Enfin j’arrive à destination. Les jeunes enfants me font fêtes avec fortes démonstrations, tout excités dans l’attente de mon arrivée. Après un bon dîner je vais me coucher et je m’endors du sommeil du juste ( je pense ).

Alors je me sens dans une étrange sensation. Je ne sais pas si je rêve ou si je suis dans une drôle de réalité, car tout à l’air fou et pourtant bien réel. …

  

                              PROLOGUE

A la manière de …

Je m’appelle Gurvan Duchemin, j’ai 76 ans et j’ai déjà parcouru un bon bout du chemin prévu durant cette existence.

Mais au fait, qui suis je ?

Vous ne vous êtes jamais posé la question ?

Moi si !

Et je ne me suis pas arrêté à cette seule interrogation.

Depuis toujours je suis curieux et je me pose plein de questions.

D’où viens-je ? Où vais-je ?

Quelle est ma destination ? Dans quel but ?

« Oh, Arrête, tu nous fatigues avec tes pourquoi ?

Tes Comment ? … »

«  Bon ça va, je garderai pour moi mes réponses »

Je continue à cogiter dans ma tête :

Shakespeare fait bien dire à Hamlet :

- Etre ou ne pas être, telle est la question -.

Aussitôt mon mental prends le relais :

Comment ne pas être, à moins de se supprimer bien sûr ?

En fait c’est impossible car JE SUIS, un point c’est tout !

Je voudrais bien remonter à la source de ce « Je suis ».

Qui est ce moi qui m’obsède ?

Vous pas ?

Ce « vous » ou ce « moi » c’est qui ?

Ou même, pourquoi pas, c’est quoi ?

Un être ?

Une chose ? Non bien sûr !

Est-ce si sûr ? Bien des gens considèrent et traitent les autres comme des objets taillables et corvéables à merci.     

Descartes tranche la question : Ergo sum, je pense donc je suis !

Moi je pense sans doute trop en ce début d’après-midi printanier. Je vais aller faire une petite promenade digestive.

Chemin faisant le sommeil me gagne et un gros frêne semble m’offrir l’hospitalité sous son épais feuillage. Pourquoi résister ?

Je m’installe et je commence à m’assoupir dans la tiédeur de ce printemps.

Suis-je endormie ou suis-je, au contraire, en train de me réveiller, car j’ai l’impression de rêver ?

J’essaie de me pincer pour voir, mais je ne peux continuer car un gros rat me fixe d’un regard intense. J’ai l’impression que ses yeux  rouges clignotent comme pour m’inviter à le suivre.

Dans ma tête j’entends qu’il me parle :

« C’est mon pelage gris qui te dérange ?

Il a deviné ma pensée ! .................

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